CHAPITRE XVII - L'influence des circonstances et l'habitude.
CHAPITRE XVII
L'INFLUENCE DES CIRCONSTANCES ET L'HABITUDE
La partie de l'œuvre de LAMARCK que nous avons exposée jusqu'ici est surtout
négative : c'est en détruisant les vieilles idoles, la force vitale, l'espèce,
qu'il a accompli une besogne profitable ; maintenant il nous faut voir quels
furent ses efforts pour atteindre à un but plus positif.
La critique de la notion d'espèce l'avait amené à concevoir l'infinie
variabilité des êtres vivants : une telle constatation avait déjà sa valeur en
elle-même, mais ne pouvait satisfaire pleinement un esprit aussi avide
d'explication que celui de LAMARCK : pour lui, en effet, tout fait physique
-c'est-à-dire tout fait observable- est soumis à des lois et ce que nous
appelons hasard n'exprime au fond que notre « ignorance des causes » (1) : or,
le but de la science est la recherche de ces causes et de leurs lois : c'est
même la plus haute connaissance positive à laquelle nous puissions parvenir : au
delà, tout n'est qu'imagination et métaphysique.
On conçoit donc que LAMARCK se soit attaché à déterminer les causes de la
variation des êtres vivants ou, tout au moins, leur déterminisme externe :
jamais, en effet, il ne fait d'hypothèse quant au mécanisme intime de cette
variation ; il étudie les faits globalement, l'être entier vis-à-vis du milieu :
en un mot, à l'encontre de MAUPERTUIS, de BUFFON, de BONNET et, plus encore, de
ses successeurs, il n'a pas eu sa théorie de l'hérédité, ou plutôt, comme il
aurait dit, de la génération ; peut-être parce que la question lui a paru
insoluble en l'état
(1) Hist. Anim sans Vert., Introd., p. 329.
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